Je ne suis pas Lindbergh pour me moquer de l’océan
Je ne suis pas Blériot pour me jouer des brumes grises
Je ne suis pas Vespucci pour te trouver dans l’inconnu
Je ne suis pas Paul-Émile Victor pour briser ta banquise
Je ne suis pas le Commandant Cousteau pour explorer tes coraux
Si tu me cherches, je serai à la maison, comme prévu
Ce tantôt je serai ici, pas trop loin,
À portée de toi, sable dans ta plage,
Entre toi et moi, les coussins du canapé
Sont autant de régates et de caravelles,
Attendant que l’âge rehausse leur prix
Pierres en travers des ruisseaux
Pour sauter de souvenirs en désirs
Sentines sous les frondaisons complices
À l’arche entravée de fougères revenues
Chemin de miettes sur la table désertée
En urgence comme chaque matin pressé
Glycine à Roméo pour balcon de Juliette
Longue surpiqûre de réverbères
Crayonnant nos belvédères
Énième poncif des matins dupliqués
Quand l’autoroute bégaye les voitures
Terra Incognita à force d’être vue.
Je ne suis
Ni Lindbergh, ni Blériot
Ni Vespucci, ni Victor
Ni Cousteau, ni de Gama,
Mais, moi, je suis là.