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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 17:29
 

La manoeuvre la plus simple quand, pitoyable, on ne peut briller, mais qu'on veut la première place est d'opérer un double mouvement. 

Premièrement, gagner la confiance de la cible dont on convoite l’éventuelle réussite, en se proposant comme collaborateur, sans trop en faire : ne respecter que la déontologie théorique suffit, sans jamais avancer de paroles autres que positives sur tout et tous. Le pigeon étant approché sans qu'il s'envole, publier très vite avant lui un mauvais livre, mais qui sera le princeps, ou bien saper son travail : c'est la phase de l'éteignoir. Éteindre la lumière de l'autre. Dans le noir soudain, les défauts ne se voient plus : dans le back-rooms, tous les éléphants sont roses. 

Danger, si la lumière revient, on se retrouve aussi beau qu'une diva discount privée de ses sunlights, dans le halo cru d'un projecteur de police. Il suffit dans ce cas d'éblouir. 

Il y a deux types de personnes lumineuses.

Il en est qui éclairent, et la route, le mur, que sais-je, alors ce qui est à voir, enfin, se voit, teinté de leur personnalité, car on y voit clair. Beaucoup, occupés qu'ils sont à convoiter ce qui tombe sous leurs yeux, n'ont même pas une pensée pour la lumière qui éclaire.

Il en est d'autres, plus fréquents, qui sont éblouissants ! Et éblouis, on ne voit rien, sauf quelques phosphènes colorés, mais sous la puissance ainsi dégagée, la bouche bée, la plupart admirent, adorent, entrent en lévitation, prêts à tuer pour jouer à la lune auprès d'un tel soleil. 

En plus concret, cela donne par exemple, des conférences ou des passages dans les médias, où badinant avec des mots énormes, peu à peu, l'ostensoir flamboie. Incrédules, certains pour éclairer le débat essayent un contre-feu, et là, toute honte bue, ils sont balayés d'un ricanement, d'une séduction de plus : plus la chose dite est stupide, plus elle passe, car le pompier venu éteindre cet incendie n'ose y croire, les médias n'ont pas une once de jugeote et canonise le rat de cocktails, l'arriviste.

Le lieu idéal où cela s’admire est l’université, avec son principe de recrutement par cooptation : nos gamins, comme nous avant eux, vont étudier et croire les enseignements dispensés par les médiocres choisis par d'autres médiocres qui ne veulent pas risquer d'être reconnus comme tels, ou devoir se mettre à travailler. Voilà la vraie maladie de nos universités : la loi de Peter y règne. L'incompétence est structurellement générée par le système. Fort heureusement il existe des exceptions : elles sont nécessaires pour que le système se prolonge, qu'il ne s'effondre pas de lui-même. 

C'est d'une perversion immense.

Ensuite ceux qui sont ainsi mal formés, mais qui l'ignorent vont postuler dans les sphères culturelles, à moins qu'ils ne passent un concours d'enseignement où ils ne peuvent pas voir les énormités gisant dans les manuels.

 

En conséquence de cela, la langue unique, la pensée unique sévit jusque dans la contestation bourgeoise, inefficace et sans surprise du système. 

Quelques personnes nous ont éclairé un autre chemin où nous tentons d'apprendre à pratiquer un art, mais notre public est d'une part automatiquement limité à une poignée, et d'autre part la critique constructive de nos propos est quasi absente, parce que nous sommes des petites choses traversant en dehors des clous, ce que même les Beatles n'ont pas osé faire, comme en témoignent leurs paroles et Abbey Road.  

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