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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 14:02

Tu as vu tout autour comment c’est venu ?

 Les arbres sont les horloges de l’été. Un jour, ça recommence.

Ici, le vent, la pluie frappent leurs mécanismes éviscérés. Alors, flagrants, les rouages dentelés se laissent aller au sol, fines lamelles ciselées, champignons des souvenirs, couleurs de la rouille rongeante. Là, les oiseaux qui sonnaient les heures font le coucou ailleurs. Où les rouages de l’été ne gisent pas dans les flaques et la boue. Où la chaleur compte les heures dans le massage des ventilateurs. Et on en est là. Chaque année, c’est idiot et normal, les arbres se dévêtent pour accueillir le froid. Mais parfois, ils s’habillent pour accueillir la pluie chaude des journées longues.

Et moi, j’y trouve des hors saison. Sur le clavier, je pose, tégument après tégument, des phrases qui se veulent simples, mais demeurent compliquées. J’aborde la page par la face nord, là où le mauvais temps ne surprend personne, où les sentines veillent sur le silence des buttes perlées de rosée, de désir vagissant sans mot.

Toi, tu sais, à la douleur de tes tendons, tout partout où j’en arrive ! La poésie est l’été de la phrase. Mes nuits se passent à l’occasion en hivers saturniens où une froide raison analyse la chute des idées. Newton, ta loi ne vaut que pour les corps. Plus une idée a du poids, plus elle est prête à l’envol, légère…

Sous ma terre refroidie par les études au pas cadencé, dans les poches de chaleur gonflées par la putréfaction des souvenirs, une poésie épeire tisse un mycélium de silence.

Tôt ou tard, cette avalanche de saisons, emplie de lignes tirées au cordeau, prendra fin. Une autre viendra.

Un été de pluie : pourquoi pas ?

Tout comme l’hiver s’étant endormi, rigoles dégivrant leurs chants sur les pentes et dans les caniveaux, des poèmes d’averses estivales, encore inconnus, en gestation, percent en piaillements affamés. Que de mouches pour si peu d’araignées…

Pour l’heure, nul besoin de graver sur mon front gourd et pesant ce qu’est la pensée ; ci ne fleurit tout au plus que pousses maladives, étiques.

Me voici maison, où cheminée et cigarettes fument. Le bruit des mandibules de l’esprit craque les os des concepts pour en sucer la moelle. Oh Éva, tais-toi, choisit la course à la présidence ou la dissidence légère ballerine !

Chaque dragon a besoin de se nourrir. Certains, repus, s’endorment et leurs rêves sont les cantilènes des cygnes de Lohengrin, ceux que chantent les princesses toutes de rose vêtues, marchant dans la boue des orées humides comme buissons émoustillés, sous les pas des randonneurs tous de bâches vétus.

Tantôt, à la fin de la saison qui passe — fructidor ou brumaire sur le calendrier de la cuisine —, une chose fleurira : d’elle-même. Et in cauda un autre visage la signera. Un autre moi que le moi de ce jour corrigera le tout.

Les arbres rhabillés de frais remonteront leurs boutons et leurs nacres. La page sera blanche de lumière ou bien de neige : prête pour sa floraison.

Une fois la pensée dépensée, reste à dire le beau d’un jardin d’été chagriné sous le gris.

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