Enfin, enfin le silence.
Les rues sont des enfants excités qu’il faut coucher.
Relevés en douce, à tâtons, ils voudraient un peu
Cacher la peur du vide, de tout ce foin fauché
Leurs tenues de ville ne peuvent pas les réchauffer :
Habiter dans ses murs, n’est-ce pas dangereux ?
Enfin, enfin le silence
Tous les matins sont habillés de neuf en dimanche
Traînant au lit, ils y froissent les rêves pleins de peurs
Au seuil d’un jour qui ne sera qu’une nuit blanche
Et si la mort, lascive, entrait en roulant des hanches ?
Cachée par un désir entre quelques gouttes de sueur ?
Enfin, enfin le silence
L’ennui étale sur le canapé les couleurs du printemps.
Des oiseaux passés de l’arbre du jardin à la rue chantent
Tout se mélange aux enregistrements, aux reflets des écrans.
Comme on était fiers de nos journées gavées, avant :
Nous voici superflus, mouches agitées, insignifiantes
Enfin, enfin le silence
La nature ne nous sourit plus, la voici qui nous attaque,
Calmement, sans autre raison que d’être faite comme ça.
Nous voici en vacances pour tout un mois de Pâques
Avec parfois la peur, nous réveillant d’une paire de claques
Nos belles façades ne cachaient rien de plus que cela :
Le silence derrière nos pas, et l’indifférence des mimosas.