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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 09:54

Consolez-moi, dévoilez-moi, ne me mentez pas.

Épargnez-moi tarots et boules de cristal, 

Je saurai le futur quand il sera présent.

Révélez-moi plutôt la forme de mon dos

Tout ce que je ne vois pas, mais qui est moi

Révélez-moi, entre vous et moi, le plus souvent

Sous les oripeaux et les écailles de nos masques

Il n’y a qu’une seule humanité en une seule taille

Consolez-moi, révélez-moi ce qui me travaille 

Apocalypsez-moi un peu

 

Depuis peu je sens des mercenaires s’avancer

Tout grimés de glauque, et d’absinthe moisie

Ils sentent la sueur des corps malades, des sanies

Une cavalerie de frissons et de langue de carton

À leurs cimiers, les masques cornus des savants

Qui pensaient les tenir par le bout de leur nom

Les exorcisaient en conjurant peste et choléra

Puis ils tombaient de Charybde en Scilla et de là

Au cul de basse fosse commune.

Apocalypse pour tous !

 

Un cavalier vert montre la pointe, l’éclat de ses dents

Dites-moi qui je ne suis pas, s’il est encore temps

Car certains déjà ont gavé leurs placards d’urgence

Pour que ne vienne pas le cavalier noir de la faim

La faim qui tue lentement et sûrement, celle-là

Qui appelle les mercenaires rouges du sang versé

À grand renfort d’écus sonnant le glas des trébuchants,

Ainsi, chaque plus riche vaincra son plus pauvre que soi

Consolez-moi, dévaluez ce qui me travaille 

Apocalypsez-moi un peu

 

Dites-moi si je prendrais l’uniforme, marcherais au pas

Quand viendront les chars blancs pour crier victoire

Templiers à la croix rouge sur le cœur, quand il en reste

Compagnie verte de la sanie, casques rutilants d’ébène

Mercenaires ruisselants de rubis, albâtre des vainqueurs

Si l'envie comme l’eau des pluies inonde mes arcanes

Si la boue des peurs colmate le moindre de mes soupirs

Je ne pourrais que choisir de quel cavalier être le page

Lorsque tout tremble sous les trompettes des prophètes

Qui hurlent par les câbles, les antennes, les paraboles,

Consolez-moi, renforcez-moi contre ce qui me travaille 

Apocalypsez-moi au plus vite

 

Déchirez Calypso, ses flottes et ses voilures, son armada

Tirez le coin du linge pour tamponner mes larmes,

Dévoilez, apocalypsez : c’est l’heure dite de vérité.

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