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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 04:36

Au long du temps, je me suis lavé de bonheur.

Ou bien quelque chose m’a encore échappé.

Dès le matin, des phrases se tendent entre les choses.

Rails de trams, téléphériques et syntaxes. 

 

Ce sont des mots velus pleins de pattes,

Vifs et fins pour tisser de quoi capturer les points noirs

À la surface de l’étang, bourgeonnements de bourdons.

 

Alors, vite levé, des éclats blancs dansent

Devant mes yeux, faïence en bol morcelé.

L’ombre est café. Et puis se laisser guider

Par l’odeur des phrases quotidiennes,

Baisers ratés, toasts brûlés, dans la gelée du coin des jours.

Les saluts, les bonjours sont engouffrés,

Beurrés d’habitudes, sucrés de plaisirs.


Longtemps, dans le lavabo du jour,

Pilate à la petite semaine,

Je me suis lavé de bonheur.

Ainsi beaucoup de mon derme

Y a perdu l’effluve de son passé.


Une fois posée la moustiquaire censée empêcher

La piqûre des secondes qui tatoue sur le dos des mains

L’âge inavoué avec une petite aiguille,

Tard, après le tôt, le voile de la nuit encore déchiré.

La vie en essaim s'éveille pour mon Pearl Harbour de poche.


Sous le poids des années accumulées dans les plis des rideaux,

Là où se cache cette senteur de notre chez-nous,

Tout autant que sur les taies d'oreiller,

Souvent ruisselant comme un sou neuf,

Sous la sueur de la nuit, je me suis à nouveau

Retrouvé offert à la voracité des arquebuses et des moustiques,

Des instants et des regards, des passants et des retards.


Cependant sur ma peau, une certitude d’aimer

Avait aussitôt retissé sa toile d’araignée,

Son cuir damassé, son piège qui dévore les épines volantes

Fin filet en reflets des cheveux où j’essuie mes peurs

Dans un affaissement de visage, prélude à l’aube,

Annonce que les chats vont devoir reprendre des couleurs.


Et derechef, pour un long temps,

Toujours trop bref ensuite,

Je me lave de bonheur

Pendant que j’en ai encore le temps.

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