Forge des sentiments, où jamais ne dure
Le goût amer des armures, des tentures
L'empreinte que mes carapaces reflètent :
J'y résonne, sonne quand, après la défaite,
Entre les côtes, quelque chose martèle :
Forge Un, celle pour mon souffle.
Le ciel est bleu clair, légèrement pommelé.
Forge du décorum : il me faut belle allure
Au sortir du miroir. Mes ciselures,
Toutes hérissées d'éclats, s'y répètent.
Mes odyssées, éparpillées dans les tempêtes
Voguent, mais près des rives habituelles :
Forge Deux, celle de mes habitudes.
Le train traverse l'arrière-plan des villes.
Forge des serments, au matin la nature
A signé sa levée d'écrou, et nous jure
Minaudant, trop polie pour être honnête,
Une éternité de printemps et de fêtes.
Les noms sont des masques, au pays des farces.
Forge Trois, celle des doux mensonges.
Les marbres orangés couvrent les entrepôts
Forge des coutumes, rempart de sciure :
Tout s'évapore fumées comme murmures :
Tout ce qu'un curriculum vitae achète
Passé de mode, s'en va aux oubliettes.
Une second de plus, et qui serais-je ?
Forge Quatre, celle de l'illusion des rites.
La gare éclairée s'affirme peu à peu.
Il pleut de mon col au creux de mon dos : j’ai froid
Il pleut des échardes de ciel et de verre
Il pleut des clôtures tout alentour de moi
Il pleut des enseignes et des bannières
Il pleut de la lumière au creux de la nuit
Forge des certitudes
Tessons des solitudes
Personne ne m'attend au quai de la gare.