Ça gît au fond de tes fontaines,
Se mélange à ton ombre,
— Subtile fumée —
Ça te retient, épine brisée
Dans tes replis quand tu veux le voir :
Chimère et douleur.
Qui n’a pas, chez soi, ses dragons,
Tâtonnant du bout d’un œil rouge,
Qui attendent au tournant,
Qui rampent dans les couloirs,
Passent leur langue sur nos prénoms ?
À toute beauté, sa noble bête…
Ça gîte au creux de tes vallées,
En remonte avec tes troupeaux,
— Maudite vapeur —
Acide versé dans la sueur froide,
Le long du dos quand tu y penses :
Scrupule et peine.
Qui n’a pas, chez soi, ses soucis,
Grappins vernis au bout des dents,
Chant de la hache sur la meule moite
Strident rappel sur l’émail,
Qui vient balafrer notre nom ?
À toute bonté, sa belle bête…
Ça s’agite dans ton armoire,
En ressort avec tes rêves,
— Sombre nuage —
Ça te regarde quand tu t’éveilles,
Dans un reflet sur la glace :
Simagrée de tes regrets.
Qui n’a pas, chez soi, muselés,
Sabots griffant le bleu des nuits,
Ses chevaux piaffant sur place,
Aux naseaux fumants de rage,
Qui répondent à son surnom ?
À toute gloire, sa bonne bête…
C’est bien ça que tu ne veux plus voir.
Tu sais que tu te dévores à l’attendre.
C’est pour ça que tes mains tremblent.
Rien que tout ça, comme ça, pour ça,
Crapaud transpirant dans ton lit,
Éphémère voletant dans ton urgence,
Vermine s'engraissant de ta farine,
Tout ce qui grouille dans le cagibi :
Un peu de toi malgré toi chez toi.
Tes ourlets de drap parfumé
Sont enduits de fausse pudeur.
Ça revient, tourne, sans fin : carrousel.
Un cheptel de petites alarmes,
De remous, de buée et de voilages.
Trace le grincement de ses ongles
Sur le vernis au revers des portes.