(pour répondre à Luc Bersautier, je remets en ligne ce poème)
Sous les oliviers
Rangées tels agrumes
Les feuilles d'Ovide, les futures décrétales
Mourraient de soif au soleil
Le tintement d'une encre les appelait déjà plus au nord.
Écoute sur le fleuve ton mauve
Enseigne ta carte
Au flot déroulé des phrasés,
Buvant l'Or du Rhin,
Dépeins l'Escaut,
Dépeins l'Escaut, la Seine, tes berges
Chante-nous tes mots embellis palatins
Doux jusqu'à enlacer les lumières tamisées
Brouillards saxons et marges de l’Empire ;
Saxophones hurlant le blues gris de la ville froide
Au gré du sens extase au verso des choses.
Le sang de la Saint Patrick dégoutte sur nos parterres,
Le voilà ce verjus qui édente l’hiver, un forsythia
Se pare d’une allure de menora : pour quelle Pâque ?
Je n’ai plus rien à dire, si ce n’est : « dis-moi ».
Me voici boue informe derrière le dernier pavillon
Pondu sur ce qui fut un bosquet, une symphonie pastorale.
Mon crépi, tu le feras à ta connivence, golem parmi cent.
Si tu voulais me semer de bonheurs muets sans histoire,
Je me ferais pour ta crémaillère, gazon japonais.
Je te parlerais de tes trains arrivant à l’heure,
Tu me raconterais d’un silence, tes primevères
Sans à-coups, ni commentaire, ordinaire.
Nous prendrions les premiers thés sur la terrasse,
Goûterions aussi les premiers frais à la brune,
De temps à autre, raviverions le brasero
Dans nos crépuscules : un mot, une virgule, dorure
Festonnant le silence, incarnat de présence.
Ainsi lentement, l’été passerait aussi rapidement
Qu’un feu pour la Saint-Jean, un jour de printemps.
Ô roux passage vers l'automne,
Quand les plaines de sable franchies
Les accents d'Agde oubliés
Sur les coteaux transis brodés de chenus et d’eaux,
Les verbes trouvèrent sur quel sol s'allonger.
Fûts, grumes sur les longues barges endormies
Puis lentement, les feuilles pourries en terreaux,
Du côté ouvert où,
Incrédule Thomas, le Savant en bonnet, posait son index,
Sur le bord tranché des codex
Touchant le cœur d’Aristote battant
Peu à pluie, marche sur muret
D'une page d'Ovide ou de Virgile,
Naquirent les mânes de Rilke et Whitman...
Doux chemin des mots, des sons et des brumes
Jusqu’aux tilleuls.
Recto verso coteaux : je n’ai dire que ton écho…