Nous n’en avons pas encore fini avec la neige
En attendant, tiens-toi droit, dis bonjour à la nuit.
Tu ignores quelles confidences s’y cachent
Elle sait du matin du soir qui est crépuscule
La nuit a soudé en ombres les chats et la neige
À chaque changement de scrupule, la lune
Est un caillou dans la chaussure des certitudes
Une boutonnière luisante d’inconnus nacrés
Ligne de points de suspension d’interrogation
Surpiqué d’incertitudes, de variables dans l’équation.
Ce que Les Lumières ont enfermé dans l’étable
Avec les blattes, les héros, les anges, les dieux,
Les fantômes : ce que le doute a estampillé est là.
Sois raisonnable, gentiment : dis bonjour à la nuit.
Tu ne sais pas à quelle aube l’on exécute.
Il y aura toujours le blanc de la neige,
Alors, sois donc poli, dis bonsoir à la nuit.
C’est une Égyptienne nue arcboutée tendue
Entre un jour trop plein et un autre déjà vide
Elle et la neige ont dévoré sons comme formes
Éponge épaisse qui s’enivre de sueur froide
Papier buvard où tirer de longs câbles d’encre
Qui ne seront le jour venu, dans la foulée,
Que l’ombre d’un catéchisme de l’ennui
Nuit noire à se cogner dans les souvenirs
Nuit blanche trop longue pour songer, rêvasser
Étalage de temps morts sans aucun chaland
Parmi les guetteurs agacés d’attendre les réveils,
Sois un homme, calmement : dis bonsoir à la nuit.
Tu ne sais pas combien de jours tu dois tenir.