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14 janvier 2015 3 14 /01 /janvier /2015 11:21

Veuillez excuser ce suspens de la poésie.

Comme le désert et la pensée de Norge, les déserts n’ont rien de ces parfums et couleurs des fleurs de la poésie. Alors les déserts pensent. Et en ces jours, il n’y a que le choix entre les élégies, les klagen, les chants de deuil et la confiture de neurones pour comprendre, entendre, ne plus se laisser surprendre par un coup bas.

On fera des poèmes sur la tuerie de Paris. Une fois digéré le sac de charbon. Tout contient un germe de poésie : il faut attendre que le germe sorte de terre.

On fera des poèmes pour les fouettés au nom d’Allah, pour les femmes yézidis vendues à la criée, pour les fillettes nigérianes utilisées comme des bombes humaines. On aura des mots simples qui ne s'useront pas aussi vite qu'un slogan se vide.

Il faut un peu de temps pour trier les gravats, et choisir ceux qui peuvent devenir des cabochons dans la mosaïque des jours. Mais le tri se fait : le carmin, le grenat sur les palettes cherchent la tonalité exacte de ce sang versé.

Des versets à l'alphabet en lames de sabre peuvent aussi accuellir la beauté de ces moissisures en fractales, de ces broderies qui gagnent les textes ignobles, mais lontemps oubliés dans leur propre fange. On verra si le vert du moisi laisse alors un croissant rouge sang en témoignage des erreurs sans retour. D'autres drapeaux peuvent se lever, comme se lèvent les herbes folles.

Il y a de le beauté à célébrer, de la peine à recycler, mais il faut que dans les veines caves, le cœur batte le rythme de l’affinage.

J’ai vu dimanche un peu de vent soulever les feuilles. C’était un genre de foehn, de vent doux et chaud qui donne envie de s’asseoir sur la terrasse et de se dire que le printemps reviendra.

Et ce futur m’a agacé.

Je veux du bonheur, et je le veux ici et maintenant.

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