J'espère que ce texte écrit pour Jilber te consolera…
Messaline de kaolin
Mezzanine de carreaux fins
Tu guettes du bout des yeux
La tache noire, son ombre
Sur le damier des tommettes
Surprise par tes frissons
Les yeux perdus dans le vague
Front ridé comme ton jupon
Quand les amours perdues
S’en vont bien quelque part
Comment ont-ils donc survécu
Dans les silences, au loin
Absents des champs de bataille
Qui nous font hommes de paille
Moissonnés pour un mot, toujours pris à témoin
Tous ces amis perdus qui sont bien quelque part
Tes yeux rouges dans le matin
Sur le blanc posé à plat :
Au soleil, armure ou miroir
Le satin devient souvenir
Une mariée toute en blanc
Translucide porcelaine
Pétales en voiles de soie
Tu déchiffres les fissures
Tous les chemins perdus
S’en vont bien quelque part
L’un cesse l’autre continue
Coupant les bouquets et le foin
Creusant chaque jour l’entaille
Jusqu’à en faire une faille
Où tombent les journées passées à s’éloigner
Tous les instants perdus qui sont bien quelque part
Son ombre s’étend à tes pieds
Vos traits sont des lames d’acier
Tranchant le vide du soleil
Là sur le sol vous n’êtes qu’un
Mais en chair vous êtes si loin
Deux scarabées de velours noirs
Une seule flaque de sombre
Des regrets et des mensonges
Où les amants perdus
S’en vont bien quelque part
Désherbées les allées sont nues
Chacune trace avec grand soin
Ce qu’il faut pour que demain taille
Dans le vif de la broussaille
Quel est ce carrefour où se sont séparés
Tous les chemins perdus qui vont bien quelque part…