Tu les sens, tu les vois : monter, aller, venir :
Tous ces rus qui attendent leurs voix d’eaux
Rêvant de nous, les yeux givrés, rougegorges
Me sifflotant les jours où ceux-là me savaient
Me parlaient, m’écoutaient monter, aller, venir ?
« Ton ruisseau sent le Styx » : viens pour devenir
Un peu d’écume ou de mousse sur ton flambeau
Celui qui te fera fondre, feu de forge
Ravivant ces jours, qui, peu à peu, nous lavaient
Décapaient, nous laissaient monter aller venir.
« Silence, et qu’éclate un chant de cygne »
Sous mille tonnes de nos soupirs partagés,
Au seul plaisir de vous exister, malgré tout.
Je ne sens plus, je ne vois plus le mouvement
Calme, ordonné où vos serments me rêvaient.
Au sol, des hivers ternes, des vitres sales
N’arrivent plus à briller au soleil, coulent ;
En échardes, le long d’un saxo malade
Soufflent peinent et usent, et usent, m’usent.
Leurs cris explosent en mitraille de vitraux.
Revient le soleil et il jette par les fenêtres
Sur terre, en morceaux, les grands, les icônes.
Ils sont là éclatés, mélangés aux pignes rongées
Aux ailes roussies des anges, trop-plein usagé
De l’Olympe, des dieux que l’on prie à genoux.
« Un bémol, une plainte pour forcer les dents ! »
Voici : le gel se découd en fil blanc, en rigoles
Ça va sentir et voir ce qui montait, allait, venait,
Avec des mots fondant, à nouveau, en cet avant Mars
Jusqu’à y entendre ce qui outre toi et moi, ruissèle.
Ainsi les vitraux mitraillent les ombres des dalles vertes
Des prospectus gras crissent sous les pas, s’enroulent
Doucement. Lianes, arcs et voutes de cathédrales fades
Où le vide articule la stupeur de leurs écluses inutiles
De leurs verres brisés. Au sol. Les clés de voute descellées,
Les débris de couleurs, les oiseaux aphones :
Tous ces grands refrains qui refusent d’aller au front
Tu les sens, tu les vois monter, aller, et venir
Pour toi.