Les pales du ventilateur endormies
Horloges d’un éternel présent
Bloquent un instant résumé
Les machettes aériennes marquent l’arrêt,
Silencieuses. À l’affût. Élytres figés.
Les anges peuvent passer sans être tranchés :
Une plume, quant à elle, hésite entre sol et vélum.
Elle tombera plus tard en neige lourde crissante
Quand l’instant aura mûri jusqu’à devenir durée,
Quand le silence lentement fissuré, haché
En dés jaillis du cornet avec un rire,
Donnera ou non un avenir aux passades.
Tojours un Pokerface relancera le ventilateur.
Il suffisait d’un coup de pale, c’est tout
Quand au-dessus des tables de jeux
Les anges gardiens affutaient leurs vétos
Et castrés ils chutent tombent plume à plume
En flocons de neige pure et surprise
Sur les bois des tripots et les palissades.
Au-dessus du long caïman marqué de culots
Verni où croupissent les ivresses, les serments,
Les ardoises, les rendez-vous : un écho de bar
Relègue le désormais en un bagne par delà
Les amnésies poudrées comme vieux cheveux
Encadrant quelques non-dits dans la fournaise
De l’immobile toujours futur permanent.
Les pales du ventilateur endormies
Horloges d’un éternel présent
Bloquent un instant résumé
Les machettes aériennes ont gravé
Qu’il n’y a plus de sexe pour les anges
Que c’est à nous que revient l’ardoise
S’il n’y a plus de sexe pour les anges
(Ad libitum)