Ceci est un écho venu après avoir lu le texte "Climat", et regardé la photo qui l'annonce sur le blogue "dans les rues intérieures".
Je dédie ce poème à son auteur...
Le ciel est une peau de mouton
Gavée de bourres tout en sueur :
Sa gorge se tend aux lames des lueurs
Et la pluie tombe pleurant des maisons ;
Hier se gerce aux rythmes des moteurs.
Des mains échangent marchandent des moissons
De sucres luisants et de bonnes réputations :
Couteaux brillants à désosser la mort et la peur
Un air de décembre se laisse aller sur Casablanca
Un air que Bogart n’imaginait pas
Par habitude, du bleu craque dans le sacrifice
Le sang du ciel cascade des toits sur les crépis,
Les ordures, les cagettes de légumes et d’épices.
Sous mon cuir d’étranger, je n’ai pas de répit.
Entre les jeunes toisons des agneaux saignés
Mélangés aux chevelures grises d’une ville âgée
Tous captifs retenus dans la toile d’araignée
Des rites, du muezzin : mariage arrangé.
Casablanca se laisse tomber sur l’aïd de décembre
Un aïd que Bogart n’imaginait pas
Dans un pauvre frisson, mais de saison,
Des gravats s’éclairent et n’en finissent plus
D’effondrer les stucs et les loggias des colons.
Des monceaux de fêtes coulent dans les rues,
Délabrant un peu plus des souvenirs sans locataire
Décembre devient un gâteau sur du papier glacé
Un voile fin recouvrant le visage de la terre
Et la pluie comme les étrangers ne font que passer
Casablanca un soir d’aïd en décembre
Avait cet air que Bogard ne connaissait pas…