Ma porte est ouverte,
ne comptez pas sur moi pour être l’un de vous ;
écoutez un instant : dans le vent des graines
seront ces doux chardons poussant sur vos tombes.
Je ne veux pas lutter et plier les genoux
de vos admirateurs. Vous faire de la peine
serait encor trop bon. J’ignore vos bombes.
Vous m’avez mis à mort en voulant m'enrôler.
Les épis sous le vent sont bien plus éloquents
que les raisons serrées dans vos baraquements.
Je ne sais qui est fort. Les herbes sont hâlées.
Les coquelicots ont ce qu’il faut de sombre
quelque part vers le coeur ; la moisson ramène
avec le blé le sang ; les couteaux en sont roux.
Regardez ce manque rond, ce cercle d’ombre
dans vos épis d’argent. C’est elle l’arène
où j’ai serré sur moi le grand oubli de vous.
Voilà, je déserte.