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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 09:11

 

J’ai marché au Burkina. J’ai marché au Fasso

J’ai marché au gros rouge. J’ai marché au grand soir

J’ai marché au boléro. J’ai marché au fado

J’ai marché au Jihad. J’ai marché au piccolo

J’ai marché au Paradis. J’ai marché à Denfert-Rocherau

 

J’ai mal aux pieds, à mes six pieds de long

Aux six pieds sous terre

Au cimier des cimeterres

À la cime des cimetières

Soldat juste assez connu

Pour être un casque de plus

Cible offerte par l’ONU

Bible ouverte et toute nue

Coran jeté en l’air : Dieu décide

Des courants d’air et des déicides…

J’ai mal aux rêves, mal à toi

J’ai mal aux pieds, mal aux doigts

Ses pieds froids au bout du gisant,

Une fiancée me dit : « je t’aime ».

Des livres me disent bien pensant :

Je suis un homme fleuri post-mortem…

 

J’ai marché au Darfour. J’ai marché à la coco

J’ai marché à l’idéal. J’ai marché au diesel

J’ai marché écolo. J’ai marché sur le ciboulot

J’ai marché dans la rade. J’ai marché au gigolo

J’ai marché en enfer. J’ai marché partout sur la terre

 

J’ai des cors aux pieds, à force de marcher

Fantassin de l’idéal, troufion des bonheurs

Seconde classe qui amène la vapeur

Tant rêvé debout que je manque de sommeil

Tant crevé debout que je manque de soleil

Mon corps à vos pieds, je ne vais plus marcher

Dans les combines à six coups

Les golfs à dix-huit trous

Les opéras de quat’ sous

Et les « je dirige pour vous »

Mime offert à vos beaux discours

Rime à vos confessions de non-amour

Je suis un homme fleuri post-mortem…

 

Je ne marche plus… je suis là. Ah tiens, te voilà….

Oui, c’est bien toi : comment tu vas ?

Oui, moi pareil : oui, des fleurs, t’en as aussi…

C’est bien – tu vois — c’est ça – tu sais – non, c’est bien

ne plus marcher dans ce vent, et rester

nous là plantés devant le monument,

le monument à tous ces morts..

C’est si sûr, pour nous, tout le temps, partout

tous les soldats la chair à canon sont trop connus…

Mais voilà, tu te souviens quand ou pas ?

On a suivi un homme… Au pas.

Gandhi, Luther King, dans leurs pas,

Daw Aung San Suu Kyi, dont le nom même est une chanson…

On les suit, on les suit, parce qu’avec eux,

ça ne marche pas, rien ne marche,

Il marquent le pas, mais le pas des portes,

surtout pas des fantassins, des spadassins :

on les suit ces humains fleuris post-mortem…

 

Nous, maintenant, qu’on ne marche pas

On a un corps avec deux mains au bout

Fantassin de l’amour quand il a deux seins

Tant aimés que le matin nous fait sommeil

Gavés de cosmétiques internes, hors mode,

Tant gravés debout par le canif du réveil

Avec nos corps à leurs pieds, sans avoir à marcher

Un homme vaut plus que six coups

Une tombe, plus qu’un golf à dix-huit trous

Un opéra en chocolat et de la vie dessous

Rien ne nous dirige que l’entre-nous

Frimousse ouverte par les froufrous d’amours

Prima vera vivra pour tous les printemps d’un jour :

 

Nous sommes des hommes fleuris dans le pré-mortem

 

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