Lilas au jardin à la fin de ton mai
Tes bouquets, fricassées tout à l’estoc
Aux branches fendillées par le comput
Chevaux de frise à fleur de ciel
Pour changer de décor avant l’été
Et qu’indifférent à tout, Lilas soit et sera
Lilas au fond du jardin en catimini
Dans la bronca décoiffée des lys,
Gerbes ou impacts. Ainsi les fougères
Chemin de vert cru vers les thyrses beiges
Pour damasser les soirées brodées de safran
Et qu’indifférent à tout, Lilas soit et sera
Fleur vêtue de fêlures, grelot sans griot
Pétale par pétale, beffroi au son cagneux
L’avancée du printemps craquèle via
La chaleur déversée entre les bouillons
Pour napper les bosquets d’ombres tremblées
Et qu’indifférent à tout, Lilas soit et sera
Pinède, four à venir, en odeurs
Tes brindilles et tes cigales en brosse :
Déjà quelques sueurs dorent l’écorce médaillée
Un quart d’heure de gloire avant l’incendie
Pour que la fumée poche l’azur à plat du ciel
Et qu’indifférent à tout, Lilas soit et sera
Bouquets brûlés sur pied, ramilles assoiffées
Vedette du mois dernier ou du mois prochain
Mais pour l’heure rejetés hors champ,
Hors de la forge des souvenirs typiques
Pour marquer les jours de consensus bon marché
Et qu’indifférent à tout, Lilas soit et sera
Fleurs en fêlures, mûries au fil de cette eau
Qui un jour nous percera comme tique
Un rien et dans le mûrir le mourir s’annonce
Calme et paisible, toute honte bue :
Pour se rafraîchir les idées.
Et qu’indifférent à tout, Lilas soit et sera
Lilas aux fleurs déjà sèches, gloire déchue
Pinède au cœur encore tendre, contrat renouvelé
Massif de lys, d’iris prêts à jaillir, cyclothymiques,
Vous comptez narquois mes jours et mes nuits :
Êtes-vous sûr que j’ignore hache, scie ou lame,
Et qu’indifférent à tout, Lilas ne soit tantôt comme moi ?