Pose pour moi, toi ballerine
Entrechats et masques
Tourne, danse au fil de l’eau
Tendu entre chien et loup
Une lune lancinante veille
Quand sur mes rétines
Le noir se dépasse
À l’impair, et te manque.
Picotée d’insolences
Entrée par surprise
Tu tapes sur mes nerfs
Entremêlant tout
Soupçon de scrupule
Le champ des possibles,
Mis au pas, est labouré
À l’oubli et à la bévue
Des centaines de sabords
M’entravent d’un regard
Envisageant des ports
Entre havres de paix
Et culs-de-basse-fosse
Chaque soirée est féconde,
Entraîneuse douce,
Engraissée d’illusions,
Gorgée de chimères.
L’ombre fait sa ronde
Mais
L’aube vient, chaque matin,
Haleine blanche sur la forêt
Étole d’ivoire dans les ruelles,
La nuit cachée dans les dents des chiens
Gronde, hurle, corne sa rage de brume.
Son jupon, son linceul, sa grand-voile
Seront déchirés à pleines dents de lumière
Mis à part quelques recoins pour son asile.
Voilà pourquoi, chez ses amis,
L’obscur, chaque soir s’invite,
S’allonge et radote sa hantise,
Panique à la mesure du clair,
De tes contours, ballerine.
J’ai ouvert ta boîte, alors
Danse !