Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 09:19

Un silence pesant entoure les morts exécutés par l’armée depuis des mois en Syrie – et même au Liban - sans doute, en douce.

Nous ne pouvons laisser sans voix ces bouches ouvertes, cris sans nom, vies mises en suaires.

Plus que les galipettes d’un nabab à New York, aussi fort qu’à Tripoli, mais dans le même silence que la Malaisie, Rangoon, les tripots des narcos, à quelques heures de Paris… Il y a un tueur en Syrie : et nous devons à ses victimes le service minimum, nos voix…

Je commence, qui le veut y chante aussi le Kaddish, le miserere, le chant des deuils et le cri de la vie, en Syrie…

 

AUX MORTS DE SYRIE


Il n’y pas loin du rebord de ma fenêtre à l’Espagne

En passant par le Groenland, et les moutons des collines.

Il n’y a pas loin non plus de la coupe aux lèvres,

En passant par la case départ et ses vingt mille dollars

Il n’y pas plus loin des yeux ni du cœur du problème

En passant par la Lorraine, avec mes sabots.

Il n’y a pas vraiment loin de nous, pourtant ça dérive…

 

Une ruelle garde son ombre jalouse de sa seule richesse

Dans la craie échauffée des grandes artères où la vie coule

Torrents de sueurs affairés à clignoter sur les enseignes

Où de subtils moineaux se faufilent pour leur pitance

Il n’y a pourtant pas loin, du vacarme au silence…

 

Une ruelle garde son deuil jalouse de sa seule noblesse

Au désert sanglotant sous les balles syriennes, la vie s’écoule

Torrents de terreurs éclipsés des journaux, des antennes

Quelques mots grappillés pour avoir bonne conscience

Il n’y a pas bien loin, de la complicité au silence

 

Il n’y pas loin du rebord de ma fenêtre à la Syrie

En passant par le Néguev, et les tombes des collines.

Il n’y a pas loin non plus de la coupe aux lèvres,

En passant par la case Damas et des milliers de dollars

Il n’y pas plus loin des yeux ni du cœur du problème

En passant par l’hallali, au son des armes automatiques.

Il n’y a pas vraiment loin de nous, pourtant ça dérive…

Partager cet article

Repost0

commentaires

A
<br /> <br /> kindertotenlieder<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> So war es gelesen<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> Kaddish<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> misère errée mon ami mon frère de larmes<br /> <br /> <br /> ma soeur niée confinée ma douleur<br /> <br /> <br /> kyrielle et sons, cris de peur au ventre<br /> <br /> <br /> comme chaque fois qu'on nous somme<br /> <br /> <br /> d'avaler la couleuvre et de se taire<br /> <br /> <br /> je mange de la terre je mange<br /> <br /> <br /> de la terre et des eaux usées je mange<br /> <br /> <br /> des miasmes et des lambeaux de colère<br /> <br /> <br /> je mange du vent pour que ca porte<br /> <br /> <br /> quand même à quelques mètres autour<br /> <br /> <br /> du puits de ma bouche je ne parle pas<br /> <br /> <br /> à ton oreille je ne raconte pas l'insanité<br /> <br /> <br /> du monde je donne une chance au poème<br /> <br /> <br /> qu'il tente sa chance entre les balles<br /> <br /> <br /> j'écris bleu j'écris quelques oranges<br /> <br /> <br /> j'offre peu c'est tout ce que j'ai<br /> <br /> <br /> je te berce ô horreur et je chante<br /> <br /> <br /> das lied von der erde enchaîné<br /> <br /> <br /> aux kindertotelieder<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Eloï, Eloï, lama etc…<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> <br /> "Sur l'écran noir de mes nuits blanches " rouge sang, fureur , acier , larmes en une danse obscène ,s'enlacent , se superposent. Lame contre chair , feux des bouches armées en éclaboussure sur<br /> les murs innondés de soleil...et pourtant  c'est le silence qui m'effraie . L'exaltation du début a fait place ,comme toujours , à un mutisme coupable , relégué les martyrs à l'oubli .<br /> Chaque cri de protestation oublié au fond d'une gorge où d'un tiroir de bureau de presse est une tombe qui se creuse et un laisser-faire offert aux tyrans.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> rage et puissance : écrivons !<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> Ta voix est un signal de fumée. Tu couvres et découvres à l’aide de ta couverture ce feu qui t’anime.<br /> <br /> <br /> Si chaque homme faisait de même, nous pourrions nous revendiquer de l’humanité.<br /> <br /> <br /> Tu dis la Syrie, parce que ton cœur l’entend.<br /> <br /> <br /> Que chacun dise en effet ce qu’il entend et cela sera autant de petites colonnes de fumée qu’on verra de loin. Les blogs sont là pour ça.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Je fume comme la cheminée d'un vieux ferry-boat qui fait la navette entre ici et là-bas, tu le sais !<br /> <br /> <br /> <br />