Tout a été dit ?
JIlber, si je clique ici ?
« On a tout dit » ? Pas le toutim ni les cetera !
Ni les coins de table, qui hurlent aux orteils
De retourner fouler les rêves sous le drap.
Ni le silence des arbres, quand au soleil
Passent en procession les joies, les peines,
Quand le choeur des marins, morts en mer, se taira
Point d’orgue des non-dits, des sans-pareils.
« On a tout dit », qu’il disait : tout ne se dit pas
Dans la vie, les tabous avancent masqués
Quelque chose nous dit qu’ils sont là, embusqués
Les mots de trop, en moins, ne leur échapperont pas.
Attendent en silence les joies, les peines,
Tassées derrière les dents, réunies en conseil
Un jour ou l’autre, chacun s’en évadera.
« Tout serait dit », si rien ne changeait ci-bas :
Entendrais-tu les murs, qui tombent de sommeil,
Si tu n’avais pris ce pari, très risqué,
De laisser du blanc, sur la ligne bleue des Vosges,
Entre les mots griffés par le son du réveil
Ainsi ils se comprennent, ne sont plus un tas
De slogans guerriers, où les soldats pataugent ?
Il ferait beau voir qu’un matin tout serait dit,
Proclamé, jusque dans les marges des livres
Sans lesquelles nul ne tournera la page.
Même si ce sont des clochards, puants et ivres
Ou bien des prostidames montant à l’étage,
Leurs soupirs, leur rengaines, seul décor des taudis
Sont des cantiques qui ne veulent que survivre.
« Tout est dit », si fatigué, quittant la plage,
Courbé comme le soleil, finissant le turbin.
Tu rentres chez toi, laissant la place aux larbins
Aux sans-voix, dont les rires et les orages
Sont le domaine réservé de quelques Sages
Qui possèdent même les droits des messages
De détresse, de tendresse, des mots humains.
« Tout a été dit », selon lui. Mais, rusait-il…