Tu les sens, tu les vois monter, aller, venir ?
Tu les sens, tu les vois monter, aller, venir.
Rêvant de nous, les yeux brûlés, rouges-gorges
Me sifflotant les jours où ceux-là me savaient
Me parlaient, m’écoutaient monter aller venir ?
« Tout donner. Sans penser. » Se vendre, devenir
Celui qui te fera fondre, feu de forge
Rougeoyant tes jours, qui, peu à peu, me lavaient
Décapaient, me laissaient monter aller venir.
« Silence, pour qu’éclate le chant du cygne »
Les mille tonnes de ces avis partagés ;
Au seul plaisir de vous exister, comme nous.
Je ne sens plus, je ne vois plus le mouvement
Calme, ordonné où mon matin me rêvait.
Au sol les éclats ternes des vitres sales,
N’arrivant pas à briller au soleil, coulent ;
Des échardes, le long d’un saxo malade
Soufflent peinent et usent, et usent, usent,
Les cris jusqu’à en faire exploser les vitraux.
Par terre, en morceaux, les grands, les icônes.
Ils sont là éclatés, mélangés aux pignes,
Aux ailes des anges, au trop-plein usagé
De l’Olympe, des dieux que l’on prie à genoux.
« Un bémol, une plainte pour forcer les dents !”
Sentir et voir ce qui montait, allait, venait,
Parlant de mes mots un seul instant une fois,
Pour y entendre ce qui n’est ni toi ni moi.
Les vitraux mitraillent les ombres des dalles.
Des papiers gras crissent sous les pas, s’enroulent
Doucement. Sans dieux, des cathédrales fades
Articulent le vide de leurs écluses
De leurs verres brisés. Les saints sont en morceaux
En débris de couleurs, en chanteurs aphones.
Tu les sens, tu les vois monter, aller, venir ?