Sur une terre à demi bleue, Masse d’eau ou bien chape d’azur À travers des terres à demi nues De lichens en forêts touffues Nous irons comme à l’aventure Rechercher des abris moussus Tout sera à nouveau comme pour de faux : Selon l’usage, pour les jeux...
J’aimerais bien me lever et rêver encore, Sans avoir à porter la lourdeur de mon corps. Au grenier, mes illustrés s’effritent sous mes doigts Momies desséchées en poussières de n’importe quoi. Je ne peux pas être plus que ce que j’ai été Tantôt tous les...
Solo de scie à métaux, souffle retenu Gerbes d’étincelles pleurant sur la rue À la basse un moteur, silence à demi nu D’un jour en ville quand la date importe peu Quand seules comptent les heures entre deux feux… Le feu des joues sous le vent Le feu du...
C’est un village avec des chiens Comme on en voit partout Chiens debout Chiens assis Ou de garde Aussi parfois C’est un village comme un chien Il y en a plus qu’on ne croit Chien de faïence Chien de ma chienne En chien de fusil Au bord de l’eau C’est...
Je ne suis pas Lindbergh pour me moquer de l’océan Je ne suis pas Blériot pour me jouer des brumes grises Je ne suis pas Vespucci pour te trouver dans l’inconnu Je ne suis pas Paul-Émile Victor pour briser ta banquise Je ne suis pas le Commandant Cousteau...
Souple le temps se faufile en m’effaçant En me fondant tout simplement dans la masse Là où quelques résidus d’ors brillants logent, Premières braises alignées sur les gilets, Médailles sorties pour le jour du défilé, Novembre joue aux petits soldats de...
C’est un temps de cuisson au four, pour s’accrocher faute de lumière aux souvenirs d’enfance quand le coke en braise allumait la fine lucarne en mica du poêle. Rien de plus urgent que de faire mentir les gémissements des os. Mi-novembre, mijotage. L’automne...
Le temps n'est pas mort, il dort : Dore, dore, petit instant Safran muscat au soleil dehors… Dore me rêvant d'alambics et de reflets ! Les terrasses sont blondes de feuilles Les volets bougent le vent, bougent Mais lentement mais silencieusement mais...
Je vis sous un soleil couchant-levant Selon le sens de la pellicule, Au fond, un peu flou, souvent s’entend Le bruit du projecteur, la bascule passe de l’air sur les bobines clapotant J'ai pour plèvre un rideau, brocard or et sang, crépine qui ne demande...
Durer dans une grisaille taiseuse, Fonds de pièces à demi hors champ L'ombre, que la liseuse perce, cercle Le courrier, le journal, les lunettes. La Terra incognita a été découverte. Rehisser les voiles ? Pourquoi ? Craquant de nos haubans fatigués, Ricocher...
Quelques siècles en amont de nous, ce n’étaient ni Standard’ s & Poor, ni Moddys qui imposaient leurs lois aux Princes régnants, mais Venise, Venise son doge et ses ors, ses argentiers et sa puissante flotte commerciale, ses accords et ses banques. Venise,...
LE CHANT DES INDIGNÉS Quand j'écoute des chansons, très anciennes ou très récentes, je peux les classer en plusieurs piles. Une pile de prières, qu'elles soient rituels, cantiques, incantations, notez à mi-hauteur un pont de chants consacrés aux puissances...
Mais si, on va les creuser les rues À coup de dents, Ouvrir une baie d’émail dans les murs, Juste pour faire l’avenue au soleil levant Mais sans Golden Gate : trop de cinéma… On s’assiéra sur le balcon des printemps. Et nos haleines fumeront comme des...
César datait d’hier, Alexandrie brillait : Philon, Arius, des livres, encore des livres et Athanase… la chaleur et les dattes, les higoumènes et les apophtegmes, puis Nag Hammadi : Chenouda III ? Patience ! Vous sautez au moins trois centaines de lustres…...
Maïeur Erdogan Maïeur Erdogan, j’écris ton renom sur tes refus Sur du papier d’Arménie « Ils n’ont rien dit pour les Arméniens : ils ne diront rien pour les Juifs » (1) Tu le sais, on parlait comme ça en 1933. Tu voudrais être khalife faute d’être caïd...
Ce n’est pas l’angoisse de la feuille blanche. Nihil dicendum. Rien à dire. Ce qui veut dire — non, rien — oui, sans gravité —. (Impossible d’utiliser le lave-vaisselle comme métronome : le pire étalon que je connaisse ! Le lave-linge avec son tambour...
Rien à déclarer — II — Ne rien avoir à dire ne pose pas de problème, avec tant de façons d’écrire. Qui a mis au point le sonnet, le lai ? Qu’importe. F. Ponge a inventé la chronique poétique : le récit, les états progressifs du poème où tout y danse....
Ce n’est pas l’angoisse de la feuille blanche. Nihil dicendum Rien à dire Ce qui veut dire deux choses : logiquement, si la prémisse est vraie, ces deux choses sont chacune et ensemble, rien — (Il m’est impossible d’utiliser le lave-vaisselle comme métronome....
Demain viendra le souvenir de cet instant Où tenir est une bonne nouvelle, Dans l’entre-deux eaux foncé qui se repose Maintenant que le silence est allusion... À chaque pas un mot fait mémoire de toi Tout prends ton empreinte : le soufre et le carmin...
Trois millions d’années d’évolution ne m’ont pas donné la parole pour que j’abandonne le dernier mot de mes heures à la douleur, la peine, le deuil. Même sur les tombes, je lirai les noms à voix haute pour voler à la mort cette prétention au dernier mot....
Il est début énième siècle le soleil dégoutte Approximativement Tzara élève son monocle Un landau s’emplit de titres collés douteur Il concède que son art n’est guère que « Une merde oui mais en couleur » Cent ans plus tard le surréel brille au rouge...
Le problème est le principe de la corrida. Ce principe est tenu en peu de mots : taïaut ! Haro ! Hallali ! Olé ! ça sent la vindicte, le « tous sur lui ». C’est drapé dans des oripeaux de luxe. Ça attend un trophée. Ça se lave la conscience dans l’agonie...
Un peu de thé dans l'eau, un nuage sépia grandit dans la tasse un sac de haine bien lourde, un nuage de fumée enrobe des tours un nuage de lait, une danse embaume la porcelaine une autre vague de rage épaisse, des tombes se bombent à fleur de dune le...
2. Phares et phalènes Notre coin de terre est parvenu à un nadir. Et les autres quartiers du monde ? Que voulez-vous que j’en sache : je n’y vois rien ! Il faudrait de la clarté. Bien des gens veulent être brillants, lumineux ; or ceux qui éblouissent...
chap.1 sur 2 Le lotissement et les chats, la nuit. Il y eut un temps où j'aimais l'ombre des jeunes filles en fleurs ; mais, ces années dépassées, les lumières des vieux sages en livres me sont d'un plus doux repos... Longtemps, je me suis lavé le bonheur...