Tout ce temps, ces années de sablier :
Pour vivre, il faut piano s’assoupir
Sous le catafalque, déjà déplié.
On ne sent pas les fruits pourrir.
Marche par marche, les escaliers
Toujours en place, la rampe écaillée,
Bouffent le ciel, rognent l’enfer
On brode, de seconde en seconde,
Les devises, le sens de nos vies.
Les contes de fées ici abondent
Page par page dictant nos envies.
Non, tu n’as pas mal à mes dents.
Pour ta chasse, je reste vivant.
Et tu m’y appelles, de temps en temps.
Ta robe est toute tissée en barbelés
Qui t’enlace ne peut que te blesser
L’œil dans la tombe, c’est le tien :
Tu te regardes te regarder pour rien.
Tous ces jours, serrés au fond d’un panier,
Passés de mode, témoins devant partir.
Chut ! le cœur joue les saisonniers,
D’autres façons doivent aussi fleurir
Pour être coupées, bel et bien reliées,
Tendres bouquets, trophées printaniers
Arrachés au ciel, semés sur ta ligne de tir.
Les coupures ne sont jamais fécondes,
Sauf de larves ou de prurit.
Pourquoi les aimer si profondes,
La douleur te veut-elle pour égérie ?
Non, tu n’as pas mal à mes dents !
Ne rêve pas, ne crie pas : « au suivant » !
Ma vie est si courte, tu n’as plus le temps…
Ta robe est toute tissée en barbelés :
Qui t’enlace ne peut que s’y blesser.
L’œil dans la tombe, c’est le tien :
Tu me regardes te regarder pour rien.