Dès que j’aurai du temps, je suerai aux ciseaux
Au burin, aux fers pour laisser des escaliers
Surgir de la masse de nos marchandages,
Après : fignoler des moteurs aux oiseaux,
Ouvrir des portes à chaque nouveau palier,
Transformer l’inconnu en dernier étage.
On dira ce qu’on voudra : en mal ou bien,
Ces mystères qui planent, ça n’est pas cartésien.
Dès que j’aurai l’argent, j’achèterai de quoi
Faire sourire le bois en tous petits éclats.
Le jour y entrera, ami de passage,
Soulevant le jupon des ombres aux abois.
Pour nous montrer, au dos des ronces, les lilas
Juste avant qu’un décret les couvre de grillages.
On fera tout ce qu’on pourra, c’est-à-dire rien
Nous ne sommes que des hommes, pas des magiciens.
Et quand j’aurai vidé le fond du garage
Des cartons alignés, rangés au fil des ans,
Une fois jouées des pièces sans convictions
Mais coupables d’assassinats, de carnages :
Noyant comme chaton toutes les émotions
Ni pieuses ni sages : de jolies images.
Ça vaudra ce que ça vaudra : trois fois rien.
Mais au soir tombant, je m’y sentirai très bien.
Mes soucis seront épuisés, en vacances.
J’aurai un mètre pour mesurer cette chance
Posé avec les bilans sans même un remord,
Parmi les prétentions aux livres des records.
Des bombes en gerbes, des cristaux de gypse
Fleuriront dans la vallée : apocalypse.
Tous les soirs les anges font tourner la terre
Ouija invoquant en vain l’esprit des hommes.