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3 septembre 2013 2 03 /09 /septembre /2013 10:21

 Quels chants ?
Chanté. Dans l’ombre des couloirs, à l’abri sous le verre dépoli, des lumignons et des trophées : tout a déjà été dit, exploré, exploité, découpé, chanté. Que reste-t-il à marquer entre le banc écaillé près de l’autoroute, entaillé au canif d’un prénom daté, et la lune qui n’est plus un rêve : insecte rare, mais percé par la hampe d’un drapeau, cloué entre deux noms d’étoiles. La nuit est un drapeau cruel. Un tel est passé, le voyage est breveté. La terre entière est détaillée en tranches explorées, en catalogues soignés.

Carnets de voyages, notes en souvenir, odyssées recopiées, et visitées à leur tour sur des pages dressées à pleines voiles, quand l’index est une caravelle. Les ongles sont parfois écaillés ainsi que les coques des bateaux. Elle et lui ont posé les premiers pas : le butin est partagé depuis longtemps.

Tous les continents sont déflorés. Chaque repli de l’âme a été gazouillé.

Que reste-t-il dans l’inédit ?

Les savoirs seraient trop lourds s’ils n’étaient encodés sur des petits disques miroitant. De la sorte, les machines parlent aux machines, dans le ronflement des ventilateurs. Des poèmes par centaines ont souligné chaque éclat, de chaque facette de nos sentiments, en toutes langues. Ils sont alignés par genre, auteurs, lieux et dates. Chaque cheveu de Vénus a été compté, filé, chanté. Encadré dans le grand bazar de la tendance, un n’importe quoi de surprenant devient l’employé du mois. Les chaînes de production le libèrent, le placent en tête, garanti bel et beau, à la mode de chez nous. Les grands enfants s’endorment sous son portrait dans les musées, dans les gares. Un autre suivra comme les trains, comme les matins. Il reviendra après une mise à jour. Chaque antiquité a une seconde chance dans la reprise à l’air du temps, le temps d’oublier la matrice initiale. Même le silence a été repris, et à nouveau, chanté. Rentrée, saison des marronniers. Artères de l’âme, gonflées de sèves, ci-devant : les dits.


Dans ce concert bégayé, rester ad aeternam sous perfusion, goutte à goutte, mot à mot, verbatim dans l’épiderme des citations. Inertie du silence, enfin !


Me parler ? C’est dire : s’adresser à moi ? C’est dire : m’adresser aux murs et aux passants ? Déjà, je dérive au grès des naufrages, des redites, catalogue de bibliothèques aux pages si délavées que bientôt à nouveau vierges, champs de neige : il suffit d’attendre. D’ici là : Je dirais que c’est un canon intime, pour mes multiples voix. Pachelbel, me voilà ! Le bout de ma langue serait-il in fine déjà à l’abri sous un verre dépoli, filon exploité, avec un carton de paroles découpé et posé dessus ? Ambre et gingembre, drôle de jaune, drôle de goût : dans le miellat ombreux de septembre, les fruits sont mûrs à en crever de pluies.

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commentaires

P
On entend, dans le dit et l'inédit, dans la rage et les orages, un homme qui jamais ne se dédit, il y a tous les âges dans l'écrivant et chaque âge donne la main au suivant, l'enfant, l'homme,le professeur, ils marchent de conserve dans toutes les débâcles qui du coup n'en sont pas
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L
Merci, et nous allons marcher de flaque en flaque, jusqu'à la mer, peut-être ?