Septembre
Chargés de quelques mois ouvrés,
À son horizon les lampes soufrées
Plus que les soleils grisonnant déjà
Ils s’élancent sur les trottoirs
Ouvragés et orangés, cannelle parfois
À nouveau en leur automne,
À nouveau au mois des pommes :
Les cageots remplissent leurs panses
Avec des odeurs aigres et câlines
Je n’ai plus qu’à fermenter mes masques
Avec les grappes sont cueillis mes étés
Emplis de feuilles quadrillées au carré
À déchiffrer sous les néons des préaux
Arrêt sur image, au fond des garages
Là sur l’étagères des boîtes en fer
Paradis des graines, des mots glanés au fil des lignes
Calmement peser les mots, les trier
Pour les semer et les parsemer
Là ceux qui pensent, ici ceux qui entendent
Ou écoutent, bougent voire ressentent
Cliquetis et roucoulades
Grincements et ballades
Les mots mûris entre les pagodes
Et ceux là, dis, que j’aimais tant
Alors qu’ils vrillaient au balcon
Leurs pleins et leurs déliés
Ils n’ont pas monté en fleurs :
Ne pas leur en vouloir
Tous ces mots qui percent la terre
Gelée ou détrempée, pavée de noir aux Écaussines
Qui écartent les caillasses, crèvent
Le silence nuiteux des solitudes
Chacun des mots menant au jour
Un quelqu’un qui est racine
Mandragore et ginseng
Qui jaillissent en à-coups
Touffes d’encres et de voix
Germes et vents sous la pluie lents
Vos mots sont vous mais en formes de voix
Printanières, bouquets de choses lues
Venus d'en vous, bosquets à demi tus
Fanés, regains, tantôt ils seront
Glaise, terreau et humus
Au gré qui s’y pensera
À nouveau et encore humus
Vous femmes et hommes
« De ce filet dans la texture »
Terreau de l’humus sapiens
le babel - 2009 -