Les hommes naissent
libres et égaux en droits. Puis ils meurent, jour après jour, esclaves et inégaux sous le poids de leurs devoirs.
C’est écrit dans le
marbre : je suis né « libre ».
Donc, je suis déterminé
par ma liberté.
Donc, contraint par ma
liberté.
Puisque déterminé et
contraint : esclave.
Le cercle serait vicieux, voire pervers, si je ne pouvais prendre la tangente.
C’est parti pour le Grand Huit de la grande fiesta !
Soyons sérieux : même ainsi, c’est moi qui suis né.
Moi seul.
Ma liberté n’est ni le oui ni le non : mais la jouissance de ce que je suis, de mon ipséité.
Je la contraindrai plus qu’elle ne me soumet. Je la contraindrai à mon moi.
Plus je suis moi-même, plus je deviens ce que je suis, et donc libéré de ces déterminismes, quand bien même je demeure dépendant de mes doudous, des mes amours et de mes habitudes : lorsque ce ne
sont que jaillissements de mon moi.
La « liberté » est un miroir aux alouettes, quand elle n’est que capacité à vaguer et divaguer, dans l’illusion des oui ou non, et les fadeurs des modes.
À devenir qui je suis, je ne suis plus soumis à la liberté, mais la liberté m’est soumise, soumise à Moi.
Dès lors je peux, utiliser le boulet de mes limites à la façon d’un bilboquet, si telle est ma façon d’être.
Et dans le marbre sera alors gravé :
« Ci-gisent, unis comme amants maudits, ma liberté et mon esclavage, morts dans l’explosion de mon moi. Bon débarras. »