Je lègue mon corps, morceaux par morceaux
à l’indifférence générale.
Mes pages glanées s’offrent aux corbeaux.
Aux vendangeurs courbés sur les coteaux
Séparant feuilles et grappes.
Ils me glissent sous la presse,
Laissant en guise de vigne
Des marges, des lettres de plomb.
Un temps si neufs sous la frappe
et maintenant maladresses
incapables d’un seul signe,
des livres cueillis en ligne
dont les mots sont délaissés
quand l’encre effleure les yeux.
Nous sommes impressionnés,
soignés et soudain remisés,
les branches cornées, affaissées,
au loin des regards envieux,
pour laisser le vin raisonner
ceux que les pages ont grisés,
Sur ma pente, le soir venu.
Je sais trop à quel point je perds de vue
ma chair promise à la vie minérale,
saison après saison, de plus en plus.