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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 22:20

J’aimerais bien me lever et rêver encore,

 

Sans avoir à porter la lourdeur de mon corps.

Au grenier, mes illustrés s’effritent sous mes doigts

Momies desséchées en poussières de n’importe quoi.

Je ne peux pas être plus que ce que j’ai été

Tantôt tous les amadous de mes automnes

Viendront pour m’embraser comme un seul homme

Que j’ai toujours été…

 

Arthur Rimbaud vend des armes en Afrique

Johnny Walker y est son seul et unique ami

La fée Clochette se tortille en coco-girl

Dans une disco un jour à Londres, un jour ailleurs

Tom Sayer est un junky repenti à l’asile

Alice vend des voyages low cost à des quadras

Oliver Twist joue son chômage au poker

Al Addin et Simbad sont enfin ami-ami

Dans une madrasa du côté de Karachi

Frisson garanti à vie contre leur mort :

 

J’aimerais bien me lever et rêver encore.

 

L’an passé, Blanche-Neige a hérité des sept nains :

Avec deux trois cailloux et une chiropraxie totale

Elle sort son spleen dans les hammams des cures thermales…

L’effigie du Che scintille en mignons néons criards

Sur la Maison Mère de Rebelle Commercial™ :

Celle qui vend Basquiat en jolies cartes postales.

Être libre est tellement obligatoire,

Qu’être docile n’est plus vraiment rédhibitoire.

J’ai juste une divine sueur perlant mon aurore

Le front brûlant posé sur la vitre de la mort :

 

J’aimerais bien me lever et rêver encore.

 

 

Pour saupoudrer ce lent calvaire de vivre fade,

Les jours se suivent en cortège, un pataquès en final

Le chien filocheur de Mozart en bière est à la une

Ses jappements sont trop charmants, bien mieux qu’Amadeus

La radio rengaine qu’il n’y a rien de rien à faire,

Mais ne partez pas : « les soldes sont revenues ! »

À Katmandou, comme partout parle la poudre,

Sous les pavés de Paris, deux mois par an, il y a la plage,

Les enfants défient leurs parents à coups de soifs très sages.

Qui a goudronné les chemins de traverse de nos songes ?

Qui a brodé nos vérités en séries limitées

Sur les poches de nos jeans, vendues en discount ?

 

J’aimerais juste me lever et rêver encore

 

Quitte ou double, dans le fatras des imprévus

Faire un strike dans le fracas des empires obsolètes

Loin des fenêtres peintes en trompe l’œil sur l’ennui

J’aimerais juste me lever et me rêver encore homme

J’aimerais garder les yeux grands ouverts

Papillons baillant sur l’envers des décorums :

J’aimerais bien que les matins me rêvent encore homme…


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commentaires

K
Un Cendrars brodé??? Beau texte, le rêve c'est la vie
Répondre
L
le rêve, la vie ? Peut-être. Mais rêver de réver ?
E
Je reve ou l ai je deja lu ? (A la montagne, les accents s envolent)
Répondre
L
Excellent mémoire ! Je l'ai replacé parce qu'il revenait d'actualité, que j'avais envie de dire ça, encore une fois, aujourd'hui.
H
<br /> je rêve si peu la nuit et le jour souvent engloutit les vestiges.<br />
Répondre
L
<br /> <br /> J'attends un Cendrars brodé, cette attentte vaut bien un rêve, je suppose ?<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> Tout se vend ,tout se transforme ,et plus rien n'a de forme,ni de prix .<br /> <br /> <br /> Nos rêves ne sont plus des phares dans la nuit ..ils sont éteints par trop de néons formatés .<br /> <br /> <br /> Même nos cris n'arrivent plus à percer la clameur universelle,ce chant d'un monde qui n'est plus .A quoi bon d'ailleurs puisque ce monde n'entend plus .<br />
Répondre
L
<br /> <br /> Avec cynisme, je pourrais répondre que nos poèmes pourtant ne se vendent pas. Pourquoi ? Ah oui, les circuits, les réseaux, les pistons. Certains disent<br /> qu'on doit provoquer la chance, mais je me demande parfois si on ne doit pas lui faire des offres à taux préférentiels, et briser les miroirs autour de nous pour éviter ensuite de se déplaire<br /> ?<br /> <br /> <br /> <br />