(autant laisser en ligne, un peu avant cette page la version rejetée puisque dans cet usinage se disent tant de choses au sujet de la poésie)
Sur une terre à demi bleue,
Masse d’eau ou chape d’azur,
Sur des rochers à demi nus,
Les lichens en forêts touffues,
Nous allons comme à l’aventure
Rechercher des abris moussus.
Tout y sera à nouveau comme pour de faux,
Selon l’usage dans les comédies des enfants.
Nous poserions, à la halte, autour d’un feu,
Dans un vague terrain en sortie de ville :
Camp de palettes où brûlerait un fagot
Nous ririons aux escarbilles coiffant la nuit,
Inventerions des loups en veille, à l’orée.
Sous l’odeur des feuilles mortes et des vieux fûts,
Nous aurions à vivre l’âge d’or des dragons :
Nos demi-jours à moitié tissés de rêves
Au soir, à demi là, nos quêtes prendraient froid.
Pour la douceur de nos chambres si bien chauffées,
À demi consolés, nous serions décidés
À quitter nos légendes pour nous endormir :
Le ventre aussi plein que nos têtes vides
Dans cette terre jour et nuit à demi-bleue,
Malgré le temps, rien ne changera dans nos jeux.
Soufflant sur les braises, étoiles à la brune,
Nous repoussons sans cesse nos rêves à demain :
Où toujours la mort aisément nous devance
Alors nous repartons, comme d’habitude
Engranger de quoi construire sous les arbres
Des cabanes de marbres à demi-moussus.
L’encens montant des feuilles mortes berce déjà
Ce qui fut : nos peines ont un air de déjà-vu.
À demi consolés, parce qu’un jour, d’autres
Viendront camper nos personnages sous un dais,
Nous rentrons sages, mais comme à l’aventure,
Entourés de plus en plus de chrysanthèmes :
À demi vivant ou bien à demi morts.
Sur une terre à demi bleue,
Nous allons comme à l’aventure
Rechercher des abris moussus;
Tout y sera tel qu’à nouveau,
Nous…