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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 23:24

feuilles.jpg

(autant laisser en ligne, un peu avant cette page la version rejetée puisque dans cet usinage se disent tant de choses au sujet de la poésie)

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur une terre à demi bleue,

Masse d’eau ou chape d’azur,

Sur des rochers à demi nus,

Les lichens en forêts touffues,

Nous allons comme à l’aventure

Rechercher des abris moussus.

 

Tout y sera à nouveau comme pour de faux,

Selon l’usage dans les comédies des enfants.

Nous poserions, à la halte, autour d’un feu,

Dans un vague terrain en sortie de ville :

Camp de palettes où brûlerait un fagot

 

Nous ririons aux escarbilles coiffant la nuit,

Inventerions des loups en veille, à l’orée.

Sous l’odeur des feuilles mortes et des vieux fûts,

Nous aurions à vivre l’âge d’or des dragons :

Nos demi-jours à moitié tissés de rêves

 

Au soir, à demi là, nos quêtes prendraient froid.

Pour la douceur de nos chambres si bien chauffées,

À demi consolés, nous serions décidés

À quitter nos légendes pour nous endormir :

Le ventre aussi plein que nos têtes vides

 

Dans cette terre jour et nuit à demi-bleue,

Malgré le temps, rien ne changera dans nos jeux.

Soufflant sur les braises, étoiles à la brune,

Nous repoussons sans cesse nos rêves à demain :

Où toujours la mort aisément nous devance

 

Alors nous repartons, comme d’habitude

Engranger de quoi construire sous les arbres

Des cabanes de marbres à demi-moussus.

L’encens montant des feuilles mortes berce déjà

Ce qui fut : nos peines ont un air de déjà-vu.

 

À demi consolés, parce qu’un jour, d’autres

Viendront camper nos personnages sous un dais,

Nous rentrons sages, mais comme à l’aventure,

Entourés de plus en plus de chrysanthèmes :

À demi vivant ou bien à demi morts.

 

Sur une terre à demi bleue,

Nous allons comme à l’aventure

Rechercher des abris moussus;

Tout y sera tel qu’à nouveau,

Nous…

 

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commentaires

B
<br /> Sans nier l'importance du flacon dans l'ivresse, à la forme je préfère le fond.<br /> <br /> <br /> La rime est pesante tant elle contient la lumière dans une marge par trop rigide.<br />
Répondre
L
<br /> <br /> C'est exactement cela. En fait, on pourait parler de parfum. Sous l'asaut des effluves trop abondantes d'un parfum trop mal équilibré, il faut détourner la tête, rerendre souffle : la beauté de<br /> la parfumée passe alors inaperçue…<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> La mélodie est différente ,plus aérienne ,plus "achevée" ,mais la première note est là ,toujours ,parfum de tête .<br />
Répondre
L
<br /> <br /> J'aime bien laisser trace des brouillons. L'exemple vient de haut, Ponge nous a laissé tant de "brouillons" plus ou moins réels. Et ceci à la fois pour expliquer au mieux par exemple ici<br /> l'impotance du travail sur la matière-texte. Un régard sur un des états de l'élan, un état assez acceptable pour ne pas passer à la corbeille. L'alexandrin débarassé de la rime et du quatrain<br /> prend un tout autre goüt…<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> je suis bien dans un atelier de textures, j'y suis secouée et chez moi. Quelles sont ces feuilles visiblement sauvegardées entre deux buvards ?<br />
Répondre
L
<br /> <br /> Un jour je ne sais plus où, dans un des parcs voisins, j'ai ramasssé ces feuilles et les ai déposés sur mon bureau. Quelques jours après, le les ai scannées. C'est tout ce qu'il reste d'elles…<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Beau.<br /> <br /> <br /> J'aime aussi la première version!<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Celle-ci est mieux écrite…merci.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> On retrouve la fraîcheur des images d'enfance, mais une sérénité impressionnante et généreuse trouve sa voie et sa voix d'un bout à l'autre du poème... l'amplitude a changé, très beau<br />
Répondre
L
<br /> <br /> Merci, les le rythme suivi suffit, la rime parfois alourdit<br /> <br /> <br /> <br />