(© Luc Bersauter https://www.facebook.com/pages/Bersauter/139166146169067)
Allons enfants
Allons enfants de la (opus cité),
Perçant son ventre de céramique
un métro lardé de publicités
sème des graffitis électriques
Aucun automne ne sanglote sous
les néons éblouissant les lignes
Sur les affiches des rangs de vignes
laissent faner leurs sillons de seins roux
Le jour de gloire n’est pas arrivé;
un bombage remplace la plaque
bleu-roi, où quelques lettres émaillées
me rassuraient à l’heure des traques.
Sur les bancs des masses de chiffons
chantonnent le cours de leurs ivresses,
Un à un ils s’en vont toucher le fond
de la tyrannique politesse.
L’étendard sanglant relevé de noir
voudrait faire la cour à la tendre
révolte déjà fatiguée de voir
ses photos, ses souvenirs à vendre.
J’entends la foule, dans les passages
couvrir par le bruit sec de ses talons
les guitares, les babillages,
Elle n’a plus qu’un vœu : « Marchons, marchons »
Un balayeur somnolent assemble
les écorchures, les éclats vernis.
Sur la bouche d’aération tremble,
un lambeau de photomaton terni.
De Bastille à République,
de cercles en cercles plus amers
Orphée m’a guidé aux enfers,
tout en taisant sa musique.
D’abord Virgile, puis Dante
nous ont rejoints à Châtelet,
Eux-même sont restés muets
tout au long de la descente.
Aucun automne ne sanglote dans
le métro pleurant ses publicités.
Un balayeur somnolent réveille
sur les bancs des masses de chiffons.