Voici le moment de refermer, dans l’ordre,
Mes volets, mes paupières, ma journée,
Voilà le dernier instant où pouvoir mordre
Dans les mises en bouches et fruits du jour
C’est là que l’on pose un napperon sur la taie
Pour s’endormir dans le bonheur du ventre
Bombé de duvet, des heures remplies ad hoc.
C’est là que les regrets pondent des rêves,
C’est là que les illusions rentent au paddock.
C’est là que faute de goût pour les plats du jour,
Autant que faute de force pour sa farce épaisse
Une autre faim d’autres choses va m’élancer
Pour suinter la nuit, les yeux ouverts, en une plaie
Que ne guérissent pas les examens de conscience.
Si encore j’avais des erreurs à me reprocher
Si encore j’avais des buts desquels me rapprocher
Si encore j’avais une certitude à quoi me raccrocher
Si encore j’avais un rebord sur lequel ricocher
Si encore les jours n’étaient pas des cases à cocher
Voici le moment où rien n’est à dire, mal ou bon,
En épitaphe sur le temps mort de sa belle mort,
De vieillesse, dans l’agitation sans importance,
Ou dans l’étal contraint d’un corps sans marée.
Si encore l’insipide recevait droit de battre monnaie :
Régent et pair des échardes comme des saveurs fines :
Je pourrais m’endormir dans sa sobre nudité,
Y avoir une patère à ma taille pour y suspendre
La peau que je renfilerai demain pour être quelqu’un
En terne dans nos jours de régime sans vrai sel
Ni sucre, ni épice, ni lenteur, ni vitesse : chambrés
Au goût d’eau plate, d’idées reçues sans avoir été lues.
Voici la fin du jour, si encore il était des mots ourlés
Pour le fade, j’aurais tant de rêves à me raconter…