(version deux, désolé pour le rappel)
Finalement c’est une parole que nous sommes,
Une de ces paroles qui se retournent vers l’homme
Quand l’homme existe enfin dans cette parole d’humus
Cette parole, en cette fin, retourne à l’homme comme un plus
Lui, il réside dans les travers de sa parole aux relents de terre
Rien de ce qui se dit ne se dit sous le ciel sans une telle parole
Une parole qui enfante la vie, qui éclaire tout ce qu’elle frôle
La clarté des hommes brille tout au long de leurs vies
À la façon des lampadaires dans la brume du canal
Même l’ombre brille sombre dans cette clarté, fanal
Où la lumière retient nos obscurités, au chaud, en vie
L’homme se tient là, nu autant que neuf, vu autant que veuf
Veuf de ces langues de bois dont on fait les cercueils
Fraîchement venu comme un au milieu des autres hommes
Il se balade parlant sa parole parmi les hommes, partagée
Inhumée, dévorée à coups de dents douces comme baisers
Simplement le temps que des hommes croient en elle
Cette parole sonne vraie, campanile qui vérifie
À la scène comme à la ville, côté cour ou tout contre
Que l’homme est le seul témoin sur parole quand sonne le glas
En témoignage de la clarté des hommes nés ou à naître
La clarté n’est pas l’homme : mais elle témoigne de lui
La clarté n’éblouit pas, elle indique le prochain pas
Cette parole est une vraie clarté, une lame sur un parquet
Jaillissant de notre monde, enluminant tout ce qui est humain
Le monde est clair et éloquent, son blanc brillant entre les mots
De la lumière jaillit en fontaine autour de lui, ce joli monde
Parce que l’homme y a laissé sourdre sa parole qui sonne
Oui
La chair, les tendons et les nerfs sont tissés en paraboles,
Et par elles, nos paroles habitent, babillent, tours de Babel and co
À elles la gloire, à nous d’être visibles, parce qu’éclairés de mots nouveaux
Ça vient depuis qu’il n’y a ni après, ni souci de l’avant, ni regret du possible
Parce que le possible est souhaitable à voix haute, si en chair d’homme
C’est notre peau tendue qui nous raisonne loin des mots creux et des slogans
Nous parlons en chair, et en os, sous l’écho de nos deux voûtes sourcilières
Ça commence sous tes yeux : ta parole est à prendre, si tu la veux