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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 01:13

Ce soir, la lune même se coupe en deux.
Comptez : le jour et la nuit ont même taille,
Vieux généraux se racontant leurs batailles,
Leurs ruses pour contourner leurs rares cessez-le-feu,

Mais il est déjà trop tard, chacun est redevenu sérieux.

L’équinoxe évente les boxeurs entre deux rounds.
Il devient plus sûr de rentrer jouer dans les granges
Où les ampoules oscillent au gré des courants d’air frais.
Des mois de fatigues sombres font résonner leurs gongs

Il faut que tout meure pour que l’on assène des « c’est la vie ! ».

Adieu les destriers aux naseaux fumants : c’est l'automne.
Adieu conte, légende, et marquis : les masques sont fanés.
Le carrousel est bâché puisque les enfants ne jouent plus :
Eux aussi travaillent quand les volets tombent sur les goûters

Pour quel théâtre faut-il soudain que tombe le noir ?

Demain, déjà il faudra choisir entre le chaud de l’atelier,
Luisant de chaînes et de sueurs mal payées,
Et la râpe sereine de l’indolence sur les joues,
Quand les averses gifleront en toute impunité.

La nuit bombe son torse couvert de médailles.

Elle a gagné : il faut être sérieux, ne plus montrer ses cornes,
Étalé sur le dahlia qui attendait l’heure des liqueurs
Pour rougir et s’affaler lentement dans l’horizon indécis :
Il te faut retourner dans ta coquille, tes habitudes,

Et pourtant il pleut, escargot, et pourtant tu rentres :
Les mois en ambre vont figer ta chaleur en leurs bocaux.



 

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commentaires

C
Bravo, c'est un très joli texte ! <br /> Claude
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L
Merci beaucoup. L'automne est un thème délicat entre le cliché et le mièvre.