Hurlez donc les vents dans les genêts en pots
Allez les averses, roulez vous dans le gras des rues
Rouillez donc les fleurs communiantes du mois de Marie,
Dans l’arrière-goût amer qu’ont les lauriers des victoires
Colifichets sans saveur, sabre d’opérette, point d’honneur
La belle affaire !
L’aube s’annonce, les oiseaux chantent, c’est déjà ça…
C’est déjà ça.
Rentrez les enfants : mettez le futur dans les vitrines
Allez, au bain, bandes de gamins, gueules de famine
Baptisez à grandes eaux la Saint Barnabé et ses dictons
Un goût de brûlé entame déjà les succès obligés de l’été
Rengaines des assemblées, bilans rectifiés, fors l’honneur
Ce sont les affaires
L’aube est gratuite, les oiseaux chantent, c’est déjà ça…
C’est déjà ça.
Chez nous la pluie était quelqu’un de la famille
On lui passait son haleine et ses petites manies
Elle n’avait pas à justifier ses colères et ses câlins
Un goût de terre annonçait ses orages soudains
Et désormais à son âge il lui faudrait obéir aux diktats
L’aube pousse la rosée, les oiseaux chantent, c’est déjà ça…
C’est déjà ça.
Remisez au grenier les mauvais souvenirs et leurs grêles
Cachez tout ça : la peau de l’enfance ne peut être que douce
Entonnez des mélopées sépia sur ce bon temps d’avant
Un goût de fade vient parfumer l’oubli où germe le neuf
L’aube se répète, les oiseaux chantent, c’est déjà ça…
C’est déjà ça.
L’été est annoncé et pas question d’être en retard
Tout est déjà réservé, c’est dit : « quelle bonne année »
Voilà des mois qu’on peaufine ce qu’il faudra en dire
Avant de partir en vagues en lignes en rangs serrés
Se changer de la foule, se changer les idées, changer
D’aube qui revient,
Les oiseaux chantent, c’est déjà ça…
C’est déjà ça.
Les oiseaux chantent, c’est déjà ça…
C’est déjà ça.